Cinquante ans après les indépendances, les troupes de treize
anciennes colonies françaises de l'Afrique sub-saharienne conduisent
mercredi "en frères d'armes" le traditionnel défilé du 14-Juillet sur
les Champs-Élysées. "C'est le lien du sang que nous célébrons, le lien
né de la contribution des troupes africaines à la défense et à la
libération de la France", a écrit le président Nicolas Sarkozy dans un
message aux participants. "Des milliers de soldats venus d'Afrique sont
morts pour la France lors des deux guerres mondiales", rappelle le chef
de l'État. Leurs successeurs seront accueillis "en frères d'armes" mais
aussi "en représentants de nations indépendantes, à l'histoire déjà
longue", poursuit-il. À 10 heures précises et selon une tradition
immuable, le président Sarkozy est arrivée à l'Étoile où il a été
accueilli par le chef d'état-major des armées, l'amiral Édouard
Guillaud, avant de passer les troupes en revue et de descendre les
Champs-Élysées à bord d'un command car. Le défilé aérien, conduit par
les Alpha Jet de la Patrouille de France ouvre le bal avec un point
particulier cette année : la participation d'une vingtaine d'appareils
de l'aéronavale qui célèbre son centième anniversaire. Par détachement
d'une trentaine d'hommes, les treize nations africaines battent le pavé
de la "plus belle avenue du monde" dans l'ordre alphabétique : Bénin,
Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Madagascar, Mali,
Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo.
"Le défilé du
14-Juillet est un rendez-vous militaire" Conviée, la Côte
d'Ivoire est représentée par son ministre de la Défense, mais sans
participer au défilé, précise-t-on de source diplomatique. Suivent les
mousses de l'école du même nom et les jeunes de la "préparation
militaire", évocation du "plan égalité des chances", la contribution du
ministère de la Défense à la lutte contre les discriminations. Grand
architecte du défilé, le général Bruno Dary, gouverneur militaire de
Paris, avait souligné jeudi devant la presse la présence de militaires
récemment engagés sur les théâtres d'opérations extérieures, à commencer
par l'Afghanistan, "des soldats, des vrais, en rangers et qui vont en
opération". Ex-instructeurs et gendarmes engagés dans la
formation de l'armée et de la police afghanes, marsouins du 3e régiment
d'infanterie de marine, "paras" du 17e régiment du génie parachutiste et
légionnaires du 2e régiment étranger du génie ont ainsi les honneurs
des "Champs". Les familles des soldats morts ou blessés au combat ont
également été conviées. "Le défilé du 14-Juillet est un rendez-vous
militaire et un spectacle dont le cérémonial accompagne les heures
heureuses et malheureuses de la vie des armées", rappelle le général
Dary. Devant le succès remporté l'an dernier par les détachements
de forces spéciales, celles-ci sont de nouveau au rendez-vous avec
notamment le très discret 13e régiment de dragons parachutistes de
Dieuze (Moselle). Quelques nouveautés aussi pour les amateurs d'engins
en tout genre : des drones (sur leur camion), des Buffalo, engins de
déminage américains déployés en Afghanistan, et les blindés Aravis qui
les accompagnent sur le terrain. La boucle sera bouclée lorsque huit
parachutistes se poseront devant la tribune d'honneur, place de la
Concorde, porteur des couleurs françaises et européennes et des drapeaux
des quatorze nations invitées, dont celui de la Côte d'Ivoire.